17 TATA / AGADIR LEHNE / IGHERM / AMMELNE
Dimanche 8 mars 2009
7 443 km au compteur
Le guide GANDINI signale la présence dans les environs d'une horloge à eau. Nous ne voulons pas quitter le coin sans la voir, surtout que nous ne savons pas du tout de quoi il s'agit.
Une horloge, donc quelque chose (une construction ?) qui donnerait l'heure ?
A eau, actionnée par de l'eau, peut-être ???
Nous sortons de TATA en direction d'IGHERM, vers le nord. Cette route qui longe l'oued Tata, passe par SOUK-TIETA-de-TAGMOUTE. Elle n'a pas de n° sur la carte Michelin.
A la sortie de la ville, nous demandons l'horloge à eau. Notre interlocuteur ne parle pas français et nous ne réussissons pas à nous faire comprendre...
Nous continuons donc et repérons sur la hauteur un petit camping. Le gardien nous dit qu'elle est située à AGADIR-LEHNE.
Nous rebroussons donc chemin et entrons dans ce tout petit village. Aussitôt une nuée d'enfants (c'est dimanche) se précipite sur Zébulon et nous accompagne jusqu'à la petite place où nous nous garons. Des adultes interviennent aussitôt pour éloigner les enfants de nous. Nous abandonnons Zébulon à la garde d'un commerçant.
Quelques personnes sont assises là, et discutent : nous leur demandons la fameuse horloge à eau. L'un des hommes nous interroge pour savoir si nous sommes français. Dès notre réponse, il se lève, nous tend la main avec un grand sourire et nous propose de nous guider, ce que nous acceptons d'emblée.
Il a l'air jovial et sympathique. Il parle un excellent français.
AGADIR-LEHNE.
Nous déambulons dans les petites rues du village, suivis de loin par les enfants.
Une ruelle conduisant à l'horloge à eau..
Si l'un d'eux s'approche un peu trop de nous, notre "guide" le rabroue.
Il nous conduit vers un petit bâtiment, récent, d'une seule pièce, située à droite de la photo.
Il ouvre la porte et nous fait entrer.
L'endroit, sans aucune lumière, est si sombre que nos yeux mettent un certain temps à s'acclimater... Au bout d'un moment, nous découvrons là, assis par terre, plusieurs hommes, entrain de fumer. Notre guide nous dit de prendre des photos, oui... mais que faut-il prendre ?
Nous suivons la direction de son index et...
... à la lueur du flash, nous découvrons un récipient plein d'eau...
"Voilà ! C'est l'horloge à eau" nous dit-il.
Euh... ! Quoi ?? Devant notre air ahuri et interrogateur, il se saisit de ce récipient plein d'eau et de son couvercle, et va le poser à l'extérieur.
C'est une sorte de "chaudron" coiffé d'un couvercle auquel est attachée une petite corde.
En fait, le "chaudron" est presque plein d'eau.
A la surface de cette eau, est posée une sorte de bol métallique léger et vide, percé au fond, d'un tout petit trou par lequel l'eau pénètre peu à peu dans le bol qui flotte.
A un certain niveau de remplissage, le bol coule : à cet instant, une unité temps s'est écoulée. L'un des 7 gardiens de l'horloge fait alors un nœud à la petite corde et on recommence l'opération X fois, chaque nœud représentant une unité temps.
Chaque année, pour l'irrigation de ses parcelles, chaque famille a droit à un certain nombre d'unités temps, gratuites.
Dès qu'une famille vient signaler le début de l'irrigation, les gardiens de l'horloge à eau commencent le décompte en faisant des noeuds. Dès que cette famille a terminé, ils comptent les nœuds. Si le total dépasse le nombre d'unités gratuites alloué, le supplément est payant.
C'est en fait, ni plus, ni moins, qu'un compteur pour l'irrigation, compteur qui ne donne absolument pas l'heure... ainsi que son nom nous l'avait laissé supposer.
D'après notre guide, il y en aurait une autre qui fonctionnerait encore dans la région de MARRAKECH.
Cette horloge à eau ou clepsydre, est mentionnée à la page 143 du guide Gandini 2009, et c'est grâce à ce renseignement que nous avons eu envie de la voir.
Remarque : l'édition 2009 du guide ne donnait pas de détails au sujet de cette clepsydre. En arrivant au village, nous ne savions donc pas du tout de quoi il s'agissait. La toute dernière version 2010 fu guide fournit quelques explications à son sujet.
Après avoir donné quelques dh aux gardiens pour les remercier de s'être très volontiers prêtés aux séances photos, nous les saluons et reprenons notre visite du village avec notre "guide".
Celui-ci nous demande si nous sommes intéressés par la visite d'une maison berbère... oh ! oui ! bien sûr. Chemin faisant, nous passons devant l'école...
... toute neuve.
Les japonais ont financé des travaux d'irrigation dans le village et la palmeraie.
Palmeraie qui, comme beaucoup d'autres, montre des signes de mauvaise santé...
Notre "guide" nous entraîne vers sa maison... Nous apprenons qu'il est de passage au village pour un mois, mais qu'en réalité, il habite en France où il a travaillé pendant 40 ans ! Ses 3 enfants y ont fait leurs études, ont un bon métier et y sont installés. Maintenant qu'il est à la retraite, il passe six mois ici, six mois en France.
Le bâtiment, dont voici l'entrée, est en restauration. Il y loge sa nièce et sa famille.
Il nous entraîne à l'intérieur de la maison que lui ont léguée ses parents.
C'est un dédale de couloirs sombres...
...au sol en terre battue ou en pierre.
Les plafonds, qui viennent tout juste d'être restaurés, ont une architecture très particuliere.
De nombreuses pièces, souvent sombres, sont enchevêtrées les unes dans les autres, quelques rares fenêtres...
... des petites terrasses...
...celle-ci, avec un four à pain…
... et un barbecue !
Tout cela sur plusieurs niveaux. En redescendant, nous tombons sur une salle sombre où sont entassés des sacs en matière plastique, très poussiéreux.
Notre homme ouvre l'un d'eux et en sort des plaquettes de bois...
... qu'il humecte, ce qui fait apparaître des inscriptions. Qu'est-ce que cela peut-il bien être ?
Nous n'en avons aucune idée.
Ce sont les titres des propriétés que ses parents lui ont léguées. Il nous dit qu'il faudrait bien qu'il les range correctement... un de ces jours.
Depuis les terrasses de la maison, la vue est dégagée.
Il possède des terrains et une partie de la palmeraie. A notre grande surprise, il nous propose de nous donner un terrain afin d'y construire une maison pour venir en vacances !!! Nous le remercions chaleureusement et déclinons cette offre... en lui expliquant que, maintenant, notre maison de vacances, c'est notre Zébulon.
Nous bavardons longuement et avec plaisir, avec lui et nous refaisons le monde... Nous constatons que nous partageons avec cet homme, bon nombre de valeurs communes.
Subitement, en colère après les enfants qui ne nous lâchent pas, il nous dit :
"S'il vous plaît, dites aux touristes d'arrêter de donner ou de jeter des bonbons, des stylos et autres "cochonneries" à nos enfants !!!
Ils ne sont pas des singes !!!"
Nous sommes bien d'accord avec lui...
Il nous invite à partager un couscous avec lui, le lendemain. Nous lui demandons de nous excuser, mais nous devons avancer dans notre itinéraire, ce ne sera pas possible. Il refuse catégoriquement qu'on le dédommage du temps qu'il nous a consacré. Après des adieux chaleureux et la promesse de se revoir l'année prochaine... Inch Allah ! nous retrouvons Zébulon et quittons ce petit village, presqu'à regret.
Vous allez probablement être étonnés, mais figurez-vous que cette horloge à eau et le petit village qui l'abrite, constituent notre troisième coup de coeur ! Est-ce dû a la personnalité de notre "guide" improvisé qui a si bien su raconter le Maroc et nous communiquer son amour pour lui ? C'est fort possible... En tout cas, nous y reviendrons, c'est certain.
Nous reprenons la route en direction d'IGHERM.
Pour passer, nous devrons attendre que le troupeau de chèvres ait traversé tranquillement la route.
Toujours ces formes tourmentées du relief...
Un campement de bergers nomades.
Une crue de l'oued a emporté la chaussée. Zébulon n'a pas d'autre solution que de rouler dans le cours de l'oued.
Halte pour le déjeuner.
Ce trou naturel est-il un repaire d'animaux sauvages ?
Constructions troglodytiques.
La route grimpe, en lacets, mais la chaussée est bonne.
A IGHERM, nous prenons la R 106 en direction de TAFRAOUTE.
Peu à peu les paysages deviennent plus verts.
Les arbres fruitiers sont en fleurs.
Cultures en terrasses.
Subitement, le ciel s'assombrit , la nuit tombe, très vite et soudain... l'orage ! Des trombes d'eau s'abattent sur Zébulon, inondant la chaussée. Alibaba a bien du mal à distinguer la route.
Nous rejoignons la R 105 sur laquelle arrive un CC. Alibaba le laisse passer et le suit à ses feux rouges.
L'eau recouvre maintenant la chaussée, je ne suis vraiment pas rassurée. Nous avions l'intention d'aller jusqu'à TAFRAOUTE, mais à l'entrée d'AMMELNE, nous trouvons un camping. Toujours sous les éclairs et une pluie battante, le CC qui nous précède y entre. Sans aucune hésitation, nous l'imitons. Alibaba attend que l'orage se calme pour aller se présenter à la réception. Pas de problème : pour les papiers, on verra demain.
Une fois l'orage apaisé, et après cette journée bien remplie, nous nous endormons, bercés par la pluie qui tombe sur Zébulon.
<<< Connexion WANA : Niet !
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